ANIMER UNE "NON-CONFERENCE" ? 2ème partie

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Comment animer une "non-conférence" ?

Un remerciement tout d'abord et en premier lieu à tous ceux qui ont contribué à la 2ème partie du billet PedagoForm (1ère partie - animer une non-conférence)qui ont créé cet article et qui ont fait que cette 2ème partie d'article fut :

- La Maison des Langues,

- Véronique, formatrice et conférencière,

- Anne Valérie, chef de projet formation

- deux contributeurs qui ont souhaité conserver l'anonymat, oeuvrant tous deux dans le domaine de la formation, conférencier pour l'un d'entre eux.

Réflexion et originalité sont de mise : voici comme prévu la synthèse et la restitution de ces contributions.

 

En premier lieu, qu'est-ce qu'une "non conférence" ?

La Maison des Langues souligne, dans un commentaire posté, que cette notion mérite d'être éclaircie pour une meilleure compréhension.

Dans la formule "non-conférence", est désigné le concept qui vise à intégrer une dynamique dans les classiques conférences, de façon à créer, soit une interactivité avec le public, soit à favoriser l'attention du public qui a tendance à se diluer rapidement, compte tenu du contexte et du cadre d'une conférence. En mode "non conférence", le conférencier perfectionne son cadre oratoire pour rendre la conférence attractive et intéressante, à l'inverse d'une conférence, version "mode classique", qui peut parfois consister en la lecture d'un texte, non teintée d'exemples, sans intonations et sans relief. Il est exact qu'il convient de rappeler, selon l'auteur de la Maison des Langues, que l'origine du mot "conférence" signifie réunion (d'idées, de personnes).

Pour compléter et pour bien comprendre ce que pourrait être une "non-conférence", retenons l'approche d'une contributrice anonyme qui propose de reprendre les fondamentaux d'une conférence, à travers une recette simple à réaliser... pour souligner à quel point il convient d'éviter tout cela...

"La recette de la conférence, la voici : vil nous faut trouver :

  • un savoir
  • de préférence une science très précise, technique, voire obscure
  • un conférencier émérite, confiant, sûr de sa personne et son effet... donneur de leçons, si possible
  • de la condescendance … on en trouve encore beaucoup dans de nombreux marchés…
  • une gigantesque salle
  • une estrade, un pupitre

La recette est très simple : vous mélangez ensemble le savoir et la science technique, puis à part, vous montez en neige le conférencier, pendant 10 minutes, vous rajoutez un soupçon de condescendance. Vous mélangez cette préparation complète que vous placez ensuite dans une gigantesque salle. Puis vous disposez le tout, pour une bonne présentation, derrière le pupitre, sur l’estrade et normalement tout est parfait.

Tout est parfait… la moitié de l’auditoire ne sait déjà plus où nous en sommes, ils ont perdu le fil, certains ont rallumé leur téléphone portable, d’autres cherchent le programme pour s’informer sur la conférence suivante, d’autres essaient encore de s'accrocher parce que mine de rien, le sujet est sacrément intéressant mais peinent un peu… et cela va durer combien de temps encore ?

Une "non-conférence" doit favoriser l'attention de ses participants avant tout.".

L'appellation "non-conférence" vise ainsi à "détourner" le terme "conférence", en raillant un peu, certes, pour éviter le standard d'une conférence ennuyeuse qui ne favorise pas l'attention et la perception des écoutants. Mais il est bien établi qu'il convient de tendre vers une véritable conférence, au sens de son origine, afin de créer réellement une réunion d'idées et de personnes.

 

En second lieu, soulignons les idées proposées pour animer une conférence.

Afin de pouvoir éviter toute conférence ennuyeuse, plusieurs critères sont mis en relief par les contributeurs.

1. Favoriser l'attention des auditeurs.

Pour la précédente contributrice anonyme à la recette d'une conférence, il s'agit de la qualité essentielle d'une conférence. Effectivement, dans la mesure où les auditeurs ne sont pas directement acteurs, compte tenu de leur grand nombre, l'attention va avoir tendance à diminuer au fur et à mesure des minutes qui s'écoulent. Cette contributrice invite au questionnement : comment relancer l'attention dans une conférence ?

Cela n'est guère évident quand l'auditoire compte entre 100 et 200 personnes, le conférencier ne pourra relancer l'attention de la même manière que le ferait un formateur dans un face à face pédagogique.

L'art oratoire recèle bien des moyens, idées et techniques pour interpeller le public, lancer des interrogations, apporter des exemples, illustrer son propos par une vidéo courte, un schéma représentatif...

Rappelons-nous également dans la 1ère partie de l'article "comment animer une non-conférence ?", que des interruptions existent toujours dans une conférence, les "mystérieux détournements" : un participant en retard, le vidéoprojecteur qui ne fonctionne plus... Ces moments détournent de la conférence car ils se situent en dehors de son contexte mais ils peuvent mystérieusement aussi contribuer à recanaliser son attention. Si de mystérieux détournements peuvent être créés par l'orateur, en lien direct avec ses propos, ils peuvent contribuer à recanaliser l'attention tout en ayant créé une distraction en lien avec une perception nouvelle ou une émotion.

Enfin, on considère souvent que l'attention et la perception diminuent entre 8 et 10 minutes, pourquoi ne pas intégrer entre ces laps de temps, de "mystérieux détournements" ou "distractions émotives" ou "interludes".

clés de la conférence (les participants s'en souviendront ainsi d'autant plus facilement) : jeux conférences de thiagi /un exemple de jeux conférences testé. 

2. Combiner humour au sérieux du propos.

Un autre contributeur anonyme confie "qu'il faut bien travailler son style en combinant une bonne dose d'humour au sérieux du propos : attaquer toujours direct, avec une bonne anecdote, une histoire personnelle un poil croustillante, histoire de mettre l'esprit en éveil, de titiller les neurones, bref de préparer l'attention..."

Cette proposition va dans le sens de la première, afin de pouvoir relancer l'attention, de "titiller" les neurones. L'idée consiste, par l'humour, à donner du relief à la conférence. "En soi, la lecture d'un texte préparé à l'avance peut constituer une trés bonne intervention, à condition que le texte ne soit pas lu d'un son monocorde et que son contenu ne reste pas plaqué au papier, comme le conférencier pourrait rester scotché derrière un pupitre, mais qu'il vive, sinon nous pourrions trés bien le lire nous-mêmes. Faire vivre un texte ou créer un texte vivant contribue à la réalisation d'une "non-conférence", notamment par l'humour ou les talents d'orateur d'un conférencier."

3. Suivre quelques règles d'animation.

Anne Valérie invite le conférencier à se structurer en suivant quelques principes de base de l'animation : "Je dirais que pour être un "bon animateur de conférence", il faut essayer de suivre les règles d'animation de tout "bon formateur", c'est-à-dire :

- connaître son auditoire (du tout moins essayer de cerner ses attentes),

- expliquer son contexte ou sa démarche (poser les "bases")

- et proposer des exemples concrets (qui "parlent à tous").

- Enfin, laisser une pause discussion afin que les auditeurs puissent exprimer plus facilement leur opinion que lors du rituel des "5 minutes de questions" où personne n'ose parler.

Evidemment, en tant que conférencier, c'est plus facile à dire qu'à faire, et il faudra certainement plusieurs conférences pour être à l'aise avec son auditoire".

4. Se mettre à la portée du public.

Puis, "Véro" a posté un commentaire pour inviter le conférencier à se mettre à la portée de son auditoire. "J'ai assisté plusieurs fois à des "non conférences" (j'ai même participé à certaines d'entre elles)...Les titres étaient souvent alléchants mais la réalité l'était moins : à chaque fois, certains intervenants portaient leurs nombreux diplômes comme de flamboyants étendards sur lesquels la plèbe dont je suis aurait pu lire "Erudition et Technicité". Ils étaient "ceux qui savent" et nous aurions du venir boire à cette source comme si nous étions assoiffés.

Pourtant, unis par un thème que nous avions en commun, nous aurions souhaité, avant tout, partager... des expériences, des questionnements et oui, même... de la technique... mais seulement après avoir senti que nous appartenions à un "groupe d'intérêts partagés". Il arrive que ce moment ne vienne jamais... mais quel bonheur quand l'intervenant est à la hauteur de son auditoire !".

Se mettre "à la hauteur" de son auditoire, se mettre à la portée. Véro interroge tout le sens de la conférence sur sa compréhension des éléments de fond et la nécessité pour le conférencier d'aller vers le public et non de rester centrer sur sa pensée, désireuse de partage, même sur des idées ou des pensées techniques. Effectivement, même autour d'une discipline qui peut paraître difficile d'accès ou difficile à vulgariser, une conférence peut s'avérer trés enrichissante et trés intéressante. 

5. Faire en sorte que la conférence constitue un "groupe d'intérêts partagés".

"Véro", à travers cette idée, refait le lien avec le sens et l'essence d'une conférence en tant que réunion d'idées et de personnes. A travers l'idée d'un "groupe d'intérêts partagés", auditeurs et conférencier peuvent se comprendre et se re-situer sur une perspective commune. Dans un premier temps certes, le conférencier peut se sentir bien seul, quand la configuration spatiale d'un amphithéâtre par exemple, le place directement derrière le pupitre, et qu'en même temps, dans cette configuration, chaque membre du public est rivé à son fauteuil, bouche cousue, non-acteur. Mais, même dans cette configuration ne favorisant pas le partage d'emblée, la communion d'idées ou ce partage réciproque peuvent exister, par l'art oratoire.

6. Relativiser le cadre de la conférence : motivation des participants, mémoire des participants, communication et art oratoire

A toutes ces contributions positives, j'avais simplement envie d'ajouter trois points pour rassurer tout conférencier qui pourrait lire ce billet.

N'oublions pas :

- un préalable sur la motivation des participants : les motivations des participants à une conférence sont toutes extrêmement variées et il est impossible de répondre à toute : certains arriveront avec une idée, une représentation ou un questionnement précis, d'autres en mode plus "découverte", certains sertont friands d'informations techniques lorsque d'autres chercheront une mise en perspective de leur quotidien. 

- une conclusion sur la mémoire : ce que les individus retiennent à l'issue d'une conférence me paraît extrêment variable d'un individu à un autre, il paraît compliqué de s'assurer que tous les messages clés soient passés, alors ne donner qu'un ou deux ou trois messages peut parfois suffire.

- un intermédiaire sur la communication : à travers la communication verbale, le choix et le poids des mots sont importants et à travers la communication non verbale, gestes et regards sont tout aussi importants.

 

Une fois sur l'estrade, regardons devant nous et que voyons-nous ? Souvent des ombres, sans relief, dans un fond de lumière...

... Allumons la lumière pour que les ombres prennent relief et que toutes les couleurs apparaissent enfin, pour donner soi-même couleurs et reliefs aux idées.

Expérience de contribution réciproque intéressante, il y en aura certainement d'autres...

En prévision d'un prochain article sur l'évaluation en formation, avez pu répondre au sondage anonyme "Avez-vous mis en oeuvre l'attestation de fin de formation ?" ; cela est encore possible en cliquant sur ce lien. 

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