JE VOUDRAIS UNE FORMATION QUI LAISSE DES TRACES, de la co-responsabilité en formation
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Il y a quelques jours, j’ai rencontré un employeur avec lequel j’ai longuement pu échanger. La préparation de la formation à venir a été extrêmement riche ; plus d’un conseiller pédagogique, consultant ou formateur, souhaiterait avoir cet entretien plus régulièrement dans sa vie quotidienne. Un bon respect du processus d’ingénierie de formation !
« Je souhaiterais que cette formation laisse des traces », c’est ainsi que l’entretien a débuté.
« Ah oui, qu’entendez-vous par là ? ».
« Il existe des tas et des tas de formations qui ne laissent aucune trace parmi les salariés que j’emploie. Certains ont parfois complètement oublié le thème de la formation qu’ils ont réalisée, trois ans en arrière. D’autres se rappellent de leurs formations mais disent ne jamais percevoir leurs effets dans la pratique professionnelle. D’autres encore essaient d’intégrer les acquis de la formation dans les jours suivants la fin du stage mais indiquent que cet état retombe automatiquement quelques semaines plus tard, et les habitudes reprennent le dessus. »
Ah !!!!!!!!!!!! J’ai poussé un long soupir face à ces constats et mon interlocuteur a été quelque peu surpris quand j’ai suivi par la phrase : « Monsieur, je vous remercie d’avoir recueilli autant de constats négatifs ! ». Partir de tous ces constats me rassurait quant au pragmatisme de mon interlocuteur qui avait pris le temps de mesurer, même très simplement, les impacts des formations passées sur ses salariés. Et ces constats, tout à fait alarmants pour lui, me rendaient toute heureuse à l’idée que nous allions pouvoir échanger et partager ensemble pour que cela n’arrive pas ou plus !
Je me re-saisis, après ce petit état d’âme passager, et je profite de ce moment pour inviter cet employeur vers une réflexion allant dans le sens de la co-construction…
Commençons par un petit check-up :
- Elaboration du plan de formation ?
- Existe-t-il des entretiens individuels et à cette occasion les salariés expriment-ils des souhaits de formation ?
- Quelles sont les orientations stratégiques de l’entreprise ?
- Jusqu’à présent, certaines formations ont-elles pu mettre en parallèle le souhait de formation des salariés avec les orientations stratégiques de l’entreprise ?
- Quelle communication interne avez-vous mis au point pour les formations dans l’entreprise ?
- Les salariés sont-ils impliqués collectivement dans le choix de ces formations ?
- Quel est pour vous le résultat à atteindre à l’issue de cette formation ?
J’en passe d’autres…
Mon interlocuteur répondait de manière très pragmatique et de manière de très précise puis au milieu de ce chek-up, il m’interrompt et s’exclame « Pardonnez-moi mais si j’essaie de donner un sens à vos interrogations, je sous entends qu’il faudrait que l’on prépare ensemble la formation ? »
Ah……… Deuxième soupir à l’idée que oui, on pouvait se comprendre en ce sens. « Oui, il me semble opportun que nous la préparions ensemble … ».
Oui mais pourquoi ? Comment l’en convaincre ?
- Vous êtes le commanditaire
- La formation est un acte de management
- Vous ne pouvez pas tout déléguer à un formateur, il ne peut seul faire évoluer les compétences de vos salariés
- J’ai besoin de récolter un tas d’informations pour saisir ce que vous attendez précisément de la formation et vérifier ce qui est compatible avec une démarche de formation
- Si nous travaillons ensemble, nous nous apercevrons peut-être que certains points de votre demande ne relèvent pas de la formation ou que vous avez les richesses internes pour atteindre autrement ce résultat
- Nous devons impliquer les salariés en amont de la formation pour qu’ils s’y préparent et qu’ils en saisissent les enjeux, les objectifs, le résultat attendu
- Nous devons construire ensemble les moyens et indicateurs précis de l’impact de la formation dans les pratiques professionnelles AFIN QU’ELLE LAISSE DES TRACES.
Ce ne sont pas mes phrases très exactes, mais elles portaient cette direction.
« Mais alors, vous n’allez pas me sortir votre catalogue pour que je puisse choisir la formation qui m’intéresse ? »
Ah !!!!!!!!!! autre forme de soupir de ma part… A cet instant, j’ai pensé l’avoir perdu dans mon emballement, et comprenant que je ne l’avais pas convaincu, je répondis : « Et bien, non, je ne pensais pas sortir mon catalogue, j’avais envie de vous proposer une autre méthode de travail, mais bon, si vous insistez… ».
Monsieur l’employeur s’exclama alors : « Rangez immédiatement votre catalogue, j’accepte tout à fait votre proposition de travail. Et d’ailleurs, je vous propose de commencer dès à présent, qu’en dites-vous ? »
……Ah !!!!!!! – gros soupir- J’en dis que OUI, nous allons construire ensemble une formation qui laissera des traces parce que j’ai des idées et que vous en aurez aussi ! Prenons ce temps.
Et si tous les entretiens démarraient avec les commanditaires de formation par la phrase « Je souhaiterais une formation qui laisse de traces. »
Au fait, il ne faut pas soupirer en entretien, cela ne donne pas un très bon style !!!
Si vous souhaitez connaître la suite de la rencontre entre Monsieur l'Employeur et Mademoiselle Soupir, conseillère pédagogique, rv cette semaine pour le 2ème billet à paraître sur leur réflexion mutuelle relative à l'intégration de la formation dans les pratiques professionnelles.
A savoir : Journée organisée par le CARIF LANGUEDOC ROUSSILLON - "LA RESPONSABILITE EN FORMATION" - 21 juin 2012 à Montpellier - Cliquez ici pour le programme complet et inscription.