COMMENT CONFORTER LES ACQUIS DE L'APPRENANT EN FORMATION ?
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J'ai planté une graine mais est-ce que la fleur naitra ?
La formation vient de se terminer pour l'apprenant mais comment faire pour que le transfert de la formation opère le mieux possible en situation professionnelle ? Une suggestion de lectures avec des apprenants afin qu'ils envisagent eux aussi le "confort" de leurs acquis.
« J’ai planté une graine », dit le formateur.
Conférencier, animateur, formateur, consultant... tous œuvrent pour faire en sorte de créer une évolution des apprenants à propos d'une idée, d'un concept, de procédures, d'attitudes ou de comportements...
Tout le long de la formation, le formateur tente de faire découvrir, de faire comprendre ; il impacte et sollicite pour favoriser l’émergence d’un ailleurs, d’un nouveau, d’un différent pour l’apprenant (nouvelles procédures, réactualisation des connaissances, modifications des comportements…).
Adaptant son savoir à l’environnement professionnel donné, le formateur, à l’écoute, tentant d’appréhender les problématiques de l’apprenant, a créé de nouveaux chemins à explorer : des pistes de travail se dessinent, des actions doivent être accomplies par la suite pour parvenir au résultat final de la formation, comme par exemple augmenter la productivité d’une branche d’activité, diminuer les tensions à l’accueil d’un service public, rétablir la communication entre collègues…
Et le temps de la formation laisse place au temps de l’application et du transfert de la formation en situation réelle. J’ai semé une graine mais l’apprenant en prendra-t-il bien soin ?
Avant de se quitter et que la formation ne se termine, le consultant, le formateur peut envisager un entre-temps pour conforter les acquis de la formation afin de pouvoir poser les conditions optimales pour le transfert de la formation en situation professionnelle… se donner les moyens de faire en sorte que la graine germera, pour que la fleur naisse…
… « mais est-ce que la fleur naîtra » ?
En formation, on peut considérer que plusieurs paramètres seront déterminants dans le transfert des acquis de la formation en situation professionnelle.
Cela dépendra de la terre dans laquelle la graine a été semée.
La consistance du « terreau » dans lequel s’installera la graine des acquis de la formation sera déterminante dans le transfert de la formation en situation professionnelle. Le terreau est précisément le contexte professionnel : en formation, plus la situation de travail sera adaptée, plus cette circonstance sera propice au transfert de la formation.
L’autre jour, j’ai rencontré une apprenante furieuse à son retour de formation : elle venait de suivre une formation excel pour une utilisation des tableaux croisés dynamiques et elle perdait tout le bénéfice de la formation car son employeur n’avait finalement pas souhaité acheter la dernière version actualisée du logiciel pour lequel elle avait été formée. Quel bénéfice pour elle ? Quel investissement pour l’employeur ? Quel désappointement …
La transposition des nouveaux savoirs, savoir-être et savoir faire de l’apprenant dépendra avant tout de l’exploitation du « terrain » en entreprise. Si le terrain n’est pas propice, la graine ne pourra pas germer, elle ne sera jamais entretenue car son intégration n’est même pas envisageable.
Cela dépendra de l’attention qui sera portée à la graine.
Un apprenant, qui a saisi que la formation était aidante, sera d’autant plus enclin à appliquer la formation : de son « attachement » à la formation, de son intérêt manifeste aux effets de la formation, dépendront souvent l’attention, la persévérance, l’assiduité et l’exigence qu’il portera à l’application de la formation post-formation.
Les théories de la motivation sont au centre de l’attention qui sera portée à la l’application de la formation par l’apprenant.
En formation, on pourra parfois mesurer l’attention que l’apprenant portera aux acquis de la formation au temps qu’il passera à décider de les intégrer : certains apprenants, à l’issue de la formation, envisagent de modifier leurs habitudes dès le lendemain, d’appliquer les nouvelles procédures dès la reprise du travail ; d’autres paraissent plus mesurés, il faut en parler aux autres collègues, cela ne pourra pas se faire du jour au lendemain, il faudra s’acclimater à ce nouvel état d’esprit…
Cela dépendra des soins qui lui seront prodigués.
Plus l’apprenant pourra reprendre les pistes définies en fin de formation, plus il se donne des chances d’intégrer la formation dans sa pratique. Plus ces pistes sont définies clairement à l’issue de la formation, plus il se donne des chances d’identifier distinctement les objectifs qui lui restent à atteindre. Plus l’apprenant se replonge dans la formation, en reprenant ses notes, le document laissé par le formateur, en continuant par lui-même à explorer la formation, plus il se donne des chances d’intégrer la formation dans sa pratique. Et plus il s’accorde de temps pour tout cela, plus il se donne des chances d’intégrer la formation dans sa pratique.
Si l’apprenant se donne les moyens et le temps de travailler post-formation à l’intégration des acquis, la graine a de fortes chances de germer : en effet, en appliquant, il vit de nouveau la formation, il la réinvestit, il la prolonge, il continue l’apprentissage à travers sa propre expérience pratique ; il découvrira même des pans de la formation qui n’ont pas pu être évoqués, porté par l’engouement de mieux comprendre, mieux saisir. Si l’apprenant reprend un ouvrage de la bibliographie proposée en fin de formation, explore les sites internet conseillés par le formateur, reprend les exercices pratiques qui ont été réalisés et les réponses ou corrections du formateur, la graine a des chances de germer et la fleur naîtra.
Lors d’une récente visite dans une entreprise, des salariés m’ont interpellée sur leur toute relative application de la précédente formation : « Le formateur nous l’avait bien dit : reprendre des pistes de travail élaborées pendant la formation, assurer un suivi par les cadres intermédiaires, envisager la mise en œuvre d’un brainstorming régulier post-formation, re-pointer régulièrement la check list des actions à entreprendre, me fixer un objectif par semaine, le faire contrôler mon collègue… mais nous n’avons pas eu le temps ! »… le temps, le temps de l’après formation est peu souvent institutionnalisé mais lorsque l’apprenant sait prendre le temps et que son employeur a saisi cela, ils savent très bien tous deux que ce temps de l’application de la formation est bénéfique car un autre temps sera économisé sur la toute prochaine efficacité ou efficience du salarié.
Le terreau, l’attention portée à la graine, les soins qui lui seront prodigués… Métaphore - de la graine, de la formation - J’essaie souvent de suivre les conseils qui me sont prodigués pour l'entretien de mon jardin et j’essaie d’y prêter attention, en fonction de mon temps imparti : pour telle plante, pas trop de lumière, pour telle espèce de fleurs, arroser tous les deux jours, tailler les branches de cet arbuste à telle période de l’année bien déterminée, semer telle espèce en tenant compte des températures…. Je sème des graines, j'en prends soin, certaines graines prennent quand d'autres ne prennent pas...
Quels peuvent être les moyens pour le formateur de conforter les acquis de la formation ? Voici quelques idées, non exhaustives, à reprendre et compléter.
En fin de formation, le formateur, le consultant, peut conforter les acquis de la formation pour l’apprenant, favorisant ainsi les modalités de transfert de la formation en situation professionnelle. Voici quelques idées, non exhaustives, à compléter.
1.Lister clairement les pistes individuelles ou collectives en fin de fomation.
Il s’agit des missions, tâches qui doivent ou peuvent être accomplies à l’issue de la formation pour atteindre l’objectif final : mieux vendre, mieux accueillir…
En les listant clairement, les apprenants prennent conscience du chemin restant à parcourir et de l’étendue des nouvelles voies à envisager.
Les faire lister par le (les) apprenant favorisera une meilleure intégration car en les formulant par lui-même, il commence à les mémoriser, les pistes peuvent commencer à s’encrer en lui.
2. Poser une réflexion sur les moyens de transfert de la formation et l'identification des obstacles au transfert.
Du recensement des attentes au recensement des besoins pour appliquer la formation…Après tout, en début de formation, le formateur recense les attentes des stagiaires à la formation. Pourquoi ne pas lister les attentes des stagiaires à la fin de la formation pour viser son application ?
Il nous faut rencontrer le Directeur pour lui expliquer certaines pistes ; il faut que je rencontre mon supérieur pour qu’il me donne son autorisation pour appliquer une piste, il faut que j’aille voir le service économat pour acquérir le logiciel pour lequel je viens d’être formé…
Il peut aussi être important d’ores et déjà d’identifier les obstacles à la mise en application de la formation afin de pouvoir permettre à l’apprenant de se fixer des objectifs de travail atteignables ou de définir une autre piste de travail, plus mesurée, plus adéquate.
3. Proposer une documentation post-formation adaptée
Le formateur va le plus souvent laisser des « traces » de la formation : des documents, un support, une bibliographie, des sites internet à consulter, des exercices à travailler…
Il convient d’une part de réfléchir en amont de la formation à la compacité, au contenu et à l’accessibilité de ce support : quel temps y accorderont-ils ? Quelle utilisation en feront-ils ? Comment puis-je faire pour qu’ils l’utilisent simplement ? Comment éviter à tout prix que ce support ne soit rangé dans un tiroir ? Est-il vraiment pertinent que mon support comporte 100 pages ? Papier ? Clé USB ? Lien internet ?
Il peut également être précieux en fin de formation de prendre le temps de présenter ce support, de l’expliciter, de l’ouvrir et de le parcourir avec les stagiaires afin qu’ils le visualisent et le perçoivent grâce aux explications du formateur, qui indique comment il l’a élaboré, dans quel sens il l’a élaboré, à quels fins il peut leur être utile.
4. Réaliser une évaluation des acquis du stagiaire en fin de formation
Elle permettra à l’apprenant de situer ses points forts en fin de formation et les points restant à acquérir ou à développer. En réalisation un exercice visant à vérifier l’existence des acquis de formation, l’apprenant prend toute la mesure de son potentiel.
5. Entrevoir une possibilité de conserver un lien avec le formateur
Un moyen de garder le lien, de rester en contact, par mail, par le biais d’une plateforme collaborative, par la création d’un blended learning… pour permettre à l’apprenant de continuer à se re-situer avec celui ou celle qui l’a guidé.. dans une certaine limite.
6. Envisager la motivation du stagiaire dans l’application de la formation
De la motivation première… à la motivation finale… Après tout, en début de formation, le formateur aura pu mesurer la plus ou moins grande motivation de l’apprenant à la formation. Pourquoi ne pas envisager la motivation des stagiaires à la fin de la formation pour viser son application ?
Il peut être utile par exemple d’envisager avec lui surtout ce qu’il a aimé le plus dans la formation : en mémorisant cette image positive en fin de formation, en se la remémorant en situation d’application de la formation, il pourra re-créer son objectif à atteindre en se souvenant des éléments de sa motivation ou de ce qu’il a aimé le plus en formation et qu’il a parfaitement la possibilité de retrouver également en situation professionnelle.
Métaphore : de la graine, de la formation et de la motivation - L’autre jour, je me suis aperçue que j’avais oublié un plant de myrtilles donné par ma voisine tout au fond de mon jardin. C’est stupide mais je l’avais complètement oublié à cette place et la tondeuse a eu raison de lui. Quel manque de motivation de ma part ! Pourtant, si je m’étais rappelée que c’était bien un plant de myrtilles, je n’aurais jamais passé la tondeuse à cet endroit … car j’adore les myrtilles !!!
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